Corrigé de l'Olympia de Manet


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Problème visuel

Manet a exécuté deux tableaux qui ont marqué l'histoire de l'art : Le bain (devenu Le déjeuner sur l'herbe en 1867 titre déjà pris par Monet) et Olympia en 1863. Je propose l'analyse ce deuxième tableau selon un point de vue purement visuel en dehors de toutes les mythologies entretenues par l'histoire de l'art. Celle-ci a choisi le camp des vainqueurs.

Ci-dessous l'original.

Plus exactement, c'est une copie web de l'original. Dans le cd-rom du musée d'Orsay, la copie semble amplifier tous les défauts.
Remarque importante : les fichiers ci-dessous sont des fichiers .jpg qui ont tendance à adoucir les images et donc les défauts.

Olympia de Manet, 130,5x190 , 1863, accepté au salon de 1865

Ci-dessous la version améliorée. (samedi 25 mai)

Version corrigée de l'Olympia de Manet par Philippe Declerck, souris +écran 17 Pouces +yeux, version du 25 mai 2001

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Quelles sont les principales maladresses de Manet dans son Olympia ?

Notons d'abord que celui-ci a essayé de faire un tableau classique à l'image de peintres plus talentueux (Titien, Ingres, Cabanel... tous les autres ! ). A-P Martial souligne la prétention hautement affichée de produire une œuvre noble("l'auguste jeune fille" dit le livret ... , le nom du tableau "Olympia") ce qui n'a fait qu'amplifier le rire des gens qui ont du pas mal rigoler en voyant ce tableau de grandes dimensions. C'est vrai que quand on le regarde dans son grand format, les plaisanteries arrivent facilement ! Pourquoi s'en priver ? ! Le public arrivait de plus échauffé par les mauvaises critiques et les caricatures.

Aux alchimistes transformant le plomb en or et la médiocrité en génie et ayant identifié la nouveauté de Manet. Ne chercher pas de raisons intellectuelles qui font mal à la tête à ces rires : refus de la nouveauté, conformisme, .... Ce rire est venu ... du ventre ! D'autre part, c'est bon pour la santé !

Le problème essentiel est de ne pas avoir su choisir entre le beau commme Titien, Cabanel,... et le laid comme Bacon, Grünewald,... et de les avoir mélangé d'où le comique involontaire. Manet a probablement désiré faire du réalisme en partant d'un support classique d'où l'incohérence du tableau.

Certaines erreurs sont déjà présentes dans les articles de l'époque.

Erreur 1 : Où est le chat ? (les gens accouraient de toute la galerie pour voir le chat de Manet ... que l'on ne voit pas)



Erreur 2 : La femme à barbe !



Erreur 3 : La main de crapaud ! (A-P. Martial dans un article modéré et pertinent au Constitutionnel)


(Regardez l'aspect du drap...)



Erreur 4
la petite cocotte (un critique)
La vierge sale, la courtisane, l'odalisque au ventre jaune ! (Jules Claretie dans L'Artiste)


Modèle chétif, le ton des chairs est sale (Théophile Gautier dans Le Moniteur. Pourtant, Baudelaire l'avait recommandé ...)
Gorille femelle (Amédée Cantaloube dans Le Grand Journal)
On dirait la reine de pique sortant du bain (
le peintre Courbet !)

Ma pauvre Victorine ...

Le 11 mai 1865, après cette descente en enfer, Baudelaire essaie dans une lettre de réconforter Manet. Il donne l'opinion personnelle de monsieur Chorner

"Il y a des défauts, des défaillances, un manque d'aplomb, mais il y a un charme irrésistible". Ainsi, même dans les amis, on remarque les insuffisances du tableau tout en essayant de les minimiser par courtoisie.

Dans le jeu des 7 erreurs, voici une autre erreur rigolote

Je ne l'ai remarqué qu'après avoir modifié la peinture. Etes-vous plus observateur que moi ? Regardez du côté des chaussons ... Solution !

Les erreurs sous le point visuel

La principale erreur est de ne pas avoir su créer deux plans : le premier plan devait contenir le lit, le modèle, la servante et le chat (à droite) ; le deuxième le fond et le rideau à gauche.

Visuellement, le chat fait partie du fond (j'ai failli le couper avec mon logiciel sans le faire exprès) ainsi que le visage de la servante noire. Pour plus de faciliter, Manet aurait du choisir un chat gris ou blanc et une servante à la peau bise ou blanche. Remarquez que dans le tableau du Titien l'analogue du chat, un petit chien est blanc à taches marrons.

On retrouve une erreur courante qui est de trop détailler les mains et le visage. Celui-ci est posé sur le corps. Par contre, il aurait pu faire le téton droit (en l'esquissant et pas en rouge vif !)

D'autre part, Manet a entouré de traits grossiers les mains.

Seuls le corps et les draps sont fait avec élégance si on enlève le bas du premier oreiller au milieu. Les couleurs sont ternes (un impressionniste ?)

Le bas à gauche est gênant. Cet angle agressif est trop à l'extérieur du tableau ou alors il faut faire comme Picasso (remplacer le modèle par un monstre). Remarquer que dans le tableau du Titien, l'analogue est une légère ombre.

La pose du modèle est moyenne et le regard est attiré sur le bras droit comme un aimant.

Mon objectif : l'olympia etant plus proche d'un tableau classique que d'un tableau realiste, mon objectif a ete de retablir ce premier style. Voici les modifications.

J'ai pris pour règle de ne pas toucher au dessin sinon cela devient de la création. Je résisterai donc à la tentation par exemple de changer le visage de la femme blanche (c'est réellement le même modèle que pour le déjeuner sur l'herbe ? Pas évident).

Préalablement, j'ai pris un point de vue lumière : j'ai éclairci ces deux personnages : il n'y a aucune raison pour qu'ils soient aussi sombres (les personnes chargées de la reproduction de ce tableau ont du souffrir). Ensuite, j'ai uni les plans en les séparant du fond que j'ai éclairci fortement.

J'ai également lavé un peu les papattes à la dame. La main droite en avait bien besoin ! (Regarder la reproduction en grand format.)

J'ai réduit le menton en galoche (c'est une cicatrice à gauche ?) ainsi que l'arête du nez. J'ai affaibli le trait grossier entourant la main posée sur le lit.

J'ai enlevé l'angle en bas à gauche qui cassait la composition.

D'autre part, j'ai limité cette coupure grossière entre le visage et le cou qui désunie le corps.

Je n'ai pas fait de lifting du visage qui est dissymétrique avec cet œil ouvert de chouette ni changé la main de crapaud.

A faire : retravailler le fond  et peut-être créer à droite une pièce. Le visage de la femme noire n'est pas encore satisfaisant mais j'ai enlevé cette barbe que l'on peut voir sur de nombreuses reproductions ! Je n'ai trouvé qu'un exemple sur un site en anglais où on ne voit pas cette barbe...

Curieusement, Manet avait fait une étude pour Olympia en 1863 une sanguine, nettement plus élégante (ce n'est pas l'image suivante !). Si ce dessin est réellement de lui (J'en doute. Il doit y avoir une erreur soit d'année, soit d'auteur. Ce dessin est trop bon pour Manet) , il n'a pas su reconnaître la qualité de son propre travail.

Malgre les apparences, le dessin ci-contre n'est pas une caricature de l'Olympia mais est une eau-forte de 1865/1867 de Manet...

Mais rendons quand même un hommage à L'Olympia car Manet a fait pire : Portrait de Jeanne Duval, La Maîtresse de Baudelaire couchée , vers 1862-1863. Huile sur toile 90X 113cm. Manet a 30-31 ans.

Pas rancunier Baudelaire !

Dans le travail de barbouilleur, La musique au Tuileries de 1860 est pas mal aussi ! Ce tableau a du fortement influencer la vision négative des spectateurs pour les tableaux suivants.

En résumé pour rendre correct ce tableau, il y a du boulot ! Mais la base n'est pas si mauvaise que cela car on peut quand même l'améliorer contrairement au tableau irrécupérable de cette pauvre Jeanne Duval.

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